Le Laboratoire de recherche en médecine du sport (LRMS) a atteint sa vitesse de croisière, deux ans et demi après la création de cette unité de recherche du Centre de recherche public-Santé (CRP-Santé) en lançant la seconde phase de son étude prospective sur l’incidence des blessures liées à la course à pied lors de la préparation d’épreuves, comme les marathons ou les semi-marathons1.
Après avoir entamé le « volet préliminaire » de l’étude en 2009, en collaboration avec le Centre sportif de la Coque, et testé les procédures en réalisant le suivi des entraînements d’un groupe d’athlètes (80 personnes environ) pendant six mois, entre la mi-novembre 2009 et l’ING Europe-Marathon en juin dernier, le Laboratoire va entrer dans « le vif du sujet », le 15 novembre prochain, en sollicitant une participation plus large de coureurs à cette étude. Les résultats préliminaires fournis par la première expérience auprès du petit groupe de la Coque sont encourageants, mais les possibilités statistiques, avec un échantillon de 80 coureurs, sont trop faibles pour valider une étude scientifique dont l’objectif est « d’analyser quels facteurs propres au coureur sont responsables de la survenue de blessures liées à la course à pied et de vérifier, en particulier, si l’expérience du coureur joue un rôle décisif ».
« Grâce au volet préliminaire de l’étude auprès du groupe des 80 coureurs, nous avons pu mettre au point une méthodologie et établir une sorte de feuille de route, un agenda sportif sur Internet, notamment pour contacter les coureurs et assurer leur suivi », indique Joakim Genin, docteur en sciences de la motricité et chef du projet de l’étude. Deux chercheurs du Laboratoire y travailleront et assureront le suivi, notamment pour vérifier la collecte des données et leur régularité.
L’équipe du Laboratoire de recherche en médecine du sport espère ainsi « recruter » quelque 800 coureurs, novices ou expérimentés, pour participer à l’étude, selon un protocole similaire à la première phase. La course à pied étant devenue « un véritable phénomène de société » et ses émules de plus en plus nombreux (la Fédération luxembourgeoise d’athlétisme organise chaque année une quarantaine de courses et, aux États-Unis, le nombre de corueurs a triplé depuis vingt ans), les chercheurs ont bon espoir de réunir un nombre suffisant de participants dont les entraînements feront l’objet d’un suivi jusqu’au prochain marathon de Luxembourg. D’autant que la popularité des courses à pied parmi la population résidente, multiplie parallèlement les risques de blessures. La seconde phase de l’étude vise essentiellement les personnes qui se préparent à courir le prochain marathon ING et dont la préparation doit commencer au mois d’octobre. Leur suivi portera donc sur six mois.
Le principal outil de cette étude est pour l’heure un site Internet (http://cesweb.healthnet.lu/RRI), où les sportifs suivis devront répertorier toutes leurs activités sportives dans un agenda, à l’instar de ce qui se pratique chez les athlètes de haut niveau. Les inscriptions démarrent le 25 octobre.
Qui présente des risques de blessures ? Joakim Genin souligne que 80 pour cent des blessures relèvent de « surcharges », lorsque les coureurs en ont fait trop, trop souvent, trop tôt et trop vite. « Ces blessures sont évitables, assure le chercheur, si par exemple le coureur se conforme à un plan d’entraînement adapté et un encadrement de ses pratiques ».
Participer à l’étude devrait ainsi contribuer à faire avancer la recherche scientifique et permettre d’étudier les blessures dues à l’entraînement, leur fréquence, leur gravité, leur type et les facteurs de risques et de dresser une comparaison entre les coureurs novices et les plus expérimentés, car le suivi prospectif des athlètes sur les six prochains mois est destiné à tous, des débutants aux coureurs chevronnés. En outre, le projet du Laboratoire devrait servir à optimiser l’encadrement, dans un but de prévention, de santé publique et de qualité de vie.
Cette participation s’appuie d’abord sur un court questionnaire de base concernant ses pratiques sportives et ses blessures antérieures. Les coureurs devront ensuite quantifier leur charge d’entraînement, que ce soit la course à pied ou de la pratique d’autres activités sportives à l’aide de l’agenda accessible sur Internet grâce à un serveur sécurisé, avec un login et mot de passe personnels. Les participants devront aussi signaler la survenue de blessures en décrivant leurs caractéristiques, leur gravité, leur type et leur localisation anatomique. « Remplir le questionnaire des sessions d’entraînement ne prend pas plus qu’une à deux minutes, aux dires des athlètes qui ont participé à la première partie de l’étude », assure Joakim Genin.
Le chercheur précise en outre que les participants seront libres, bien sûr, de se retirer de l’étude sans qu’ils aient à justifier leur décision. Il souligne encore que les données liées à la personne sont protégées, conformément à la loi modifiée du 2 août 2002 sur la protection des données personnelles. Exclusivement utilisées dans un but de recherche scientifique, les données seront d’ailleurs rendues anonymes grâce à un code et à la fin de l’étude, le fichier de correspondance entre le code anonyme et le nom du participant sera détruit. Les résultats de l’étude pourront faire l’objet de publication sans que l’identité des participants soit rendue publique.
« La participation des coureurs est importante, souligne Joakim Genin, car ils sont la source des informations dont nous avons besoin pour améliorer la prévention des blessures liées à la course à pied et pour rendre la pratique de ce sport plus attrayante ».
C’est aussi la raison d’être d’un centre de recherche public comme le CRP-Santé et son antenne dédiée à la médecine du sport que de contribuer à la mise au point de nouveaux outils d’évaluation du patient et tester scientifiquement de nouvelles approches thérapeutiques des pathologies de l’appareil locomoteur, le but ultime étant de « réduire le nombre de blessures chez les coureurs de longue distance, par une politique efficace d’éducation et de prévention des blessures. ».