Les COP se suivent et se ressemblent. Après celle sur le climat dans la péninsule du Sinaï, au résultat des plus décevants, une Conference of Parties est prévue à Montréal du 7 au 19 décembre pour faire le point sur la Convention de l’ONU sur la diversité biologique (CBD). Les prédictions ne prêtent guère à l’optimisme : tout indique que rien ne sera décidé au Canada qui puisse endiguer la sixième grande extinction.
Moins médiatisées que celles de l’UNFCCC (Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques), les COP sur la biodiversité ne sont pas moins importantes. Alors que les signes d’un effondrement galopant des espèces vivantes s’accumulent en un tableau alarmant, les gouvernements se préparent à se défausser et à temporiser.
Le constat est pourtant sévère. La diversité du vivant s’écroule sous nos yeux, sous l’impact conjugué de la perte d’habitat, des espèces invasives, de la pollution, du changement climatique et des maladies. Comme pour le climat, la main de l’homme dans cette destruction, chiffrée à 2,5 pour cent par an, n’est pas sujette à discussion. Comme pour le climat, des promesses ambitieuses ont été formulées par les gouvernements pour tenter de contrecarrer la décimation de la biosphère. Comme pour le climat, le prochain sommet censé la sauver semble voué irrémédiablement à se fracasser sur les écueils de l’égoïsme et de la myopie.
Un rapport de l’ONU publié cette semaine fait ainsi le point sur la santé défaillante de la Grande Barrière de Corail (Great Barrier Reef), le plus grand récif de la planète. Situé au large de l’Australie, long de 2 300 km, ce sanctuaire chatoyant, classé au patrimoine de l’humanité depuis 1981, souffre du réchauffement de l’océan, mais aussi du rejet de sédiments et de fertilisants, de la pollution plastique, ou encore des activités de pêche, qui lui causent périodiquement des épisodes de blanchissement. Alors que le bras scientifique de l’Unesco souhaitait mettre l’an dernier la Grande Barrière sur la liste des patrimoines « en péril », le gouvernement australien a obtenu qu’une mission d’experts soit mandatée. Sa conclusion : la capacité du fabuleux écosystème à se reconstituer est sérieusement compromise.
Même si depuis les élections de mars dernier, qui ont vu les travaillistes remplacer les conservateurs pour diriger l’île-continent, les perspectives de ce trésor naturel se sont quelque peu améliorées, sa dégradation en apparence inéluctable symbolise bien l’incapacité collective de l’humanité de préserver le tissu d’espèces vivantes au sein desquelles elle a émergé. Ce ne sont pas que les coraux du monde entier qui sont en péril, c’est la diversité du vivant à l’échelle du globe qui est menacée. L’humanité scie la branche sur laquelle elle est assise, et les gouvernements du monde entier « sont aux abonnés absents », constate amèrement Tanya Steele, la directrice de la section britannique du WWF.