À l’occasion de ses quinze années d’existence, les responsables de la Philharmonie ont décidément mis les petits plats dans les grands. De plus, force est de constater qu’ils sont mus, une fois de plus, par le souci de la diversité dans un pays qui est, pour reprendre les mots de la ministre de la Culture Sam Tanson, la « terre d’accueil de si nombreuses cultures et nationalités ».
C’est dire que la saison à venir sera particulièrement faste, et qu’il y en aura pour tous les goûts, et que le mélomane aura l’embarras du choix. Face à une offre particulièrement pléthorique (mais « abondance de biens ne nuit pas », n’est-ce pas ?), devant une programmation aussi riche – anniversaire oblige ! –, avec des concerts tous les jours ou presque, il ne sait plus vraiment où donner de la tête… et surtout des oreilles !
Rien que, côté chefs, pour le volet symphonique, que de dilemmes en perspective s’il faut (mais pourquoi faudrait-il ?) choisir entre Esa-Pekka Salonen, Paavo Järvi, Mariss Jansons, Valery Gergiev, Kirill Petrenko, Zubin Metha, Ricardo Muti, Riccardo Chailly, William Christie, Emmanuelle Haïm, Philippe Herreweghe, Sir Simon Rattle, Gustavo Dudamel, Iván Fischer, Michael Tilson Thomas, Leopold Hager, Pierre Cao ou Daniel Harding (artiste en résidence) : autant de grosses pointures que l’on retrouvera pour certains et découvrira pour d’autres, au pupitre du gratin des phalanges les plus prestigieuses, telles que le Berlin, le Vienne, le Chicago, le San Francisco, le New York, le Concertgebouw, le Philarmonia de Londres, le Philharmonique de la Scala, les Arts Florissants, le Concert d’Astrée, le Collegium Vocale Gent, le Gustav Mahler Jugendorchester, et j’en passe. Bref, c’est le tout gotha de la musique classique qui sera au rendez-vous, comme en témoigne ce défilé de géants.
À cela s’ajoutent bien évidemment les nombreuses propositions des ensembles à demeure : à commencer par l’Orchestre Philharmonique du Luxembourg, les Solistes Européens Luxembourg et l’Orchestre de Chambre du Luxembourg. Et, côté « Grands Solistes », l’offre n’est pas moins généreuse, avec des artistes de renom comme Hélène Grimaud, Rudolf Buchbinder, Daniil Trifonov, Nikolaï Lugansky, Grigory Sokolov, Lang Lang, Evgeny Kissin, Renaud Capuçon, Pinchas Zukerman ou Anne-Sophie Mutter. Sans oublier les artistes de chez nous comme Jean Muller ou Francesco Tristano qui peuvent se prévaloir d’une flatteuse réputation internationale. À retenir également non seulement le prestigieux récital lyrique que donnera, le 8 décembre, la « Grande Dame du Bel Canto », Cecilia Bartoli, mais encore ceux des sopranos Patricia Petibon et Anna Prohaska, du ténor Rolando Villazón, du contreténor Philippe Jaroussky et du baryton Matthias Goerne.
Quant au maestro Gustavo Gimeno, il entame, cette saison, sa cinquième année aux rênes de l’OPL, en tant que directeur musical. Au sein d’un programme protéiforme, Mahler, Bruckner, Schubert, Rossini, Verdi et Stravinski occuperont une place de choix, tout comme la création du Concerto pour violon du compositeur espagnol Francisco Coll, avec Patricia Kopatchinskaja. La saison à venir sera marquée aussi par l’ambition de renouer avec les grandes tournées, couronnées de succès, du passé. C’est ainsi qu’au cours de la saison nouvelle, Gimeno, ambitieux et déterminé, lancera ses troupes, au-delà des frontières grand-ducales, d’abord, à la conquête de l’Amérique du Sud (Brésil, Argentine, Uruguay), avec la grande violoniste néerlandaise Janine Jansen (ancienne artiste en résidence), ensuite, à l’assaut de la France, avec des concerts à Châlons-en-Champagne, à Paris et à l’Arsenal de Metz, enfin, des pays baltes et de Stockholm. De sacrés défis !
Parmi les temps phares, on notera qu’en 2020, année du 250e anniversaire de la naissance du compositeur, est programmé un « Cycle Beethoven », avec, comme passage obligé, l’intégrale de ses neuf Symphonies, mais encore un récital Beethoven par Evgeny Kissin et une version mise en espace de son opéra Fidelio, confiée aux bons soins de Dudamel, l’autre Gustavo, ainsi que des pages qui n’encombrent guère les salles de concert, telle que Le Christ au Mont des Oliviers. Comme « Artistes en résidence », la Philharmonie accueillera, cette saison, la violoniste allemande Isabelle Faust, une fidèle parmi les fidèles (depuis 2012, le public luxembourgeois a en effet pu la retrouver à six reprises à la Philharmonie) et le fringant chef d’orchestre britannique Daniel Harding.
Et ce n’est pas tout ! Certes, il y a les grands chefs, les grands orchestres, les grands solistes instrumentaux et vocaux. Mais des organistes et chambristes de renom ainsi que les compositeurs d’aujourd’hui, qu’ils soient allochtones ou autochtones, ne seront pas en reste, loin s’en faut.
Enfin, parallèlement aux concerts qu’il donnera, l’OPL continuera de briller également par sa politique d’enregistrements de CD et de DVD. Aux gravures parues en 2017 et 2018 sous le label Pentatone, dédiées à des pages de Bruckner, Mahler, Stravinski, Debussy et Rossini, viendront s’ajouter, en 2019/20, des œuvres de César Franck et de – encore lui ! – Gioacchino Rossini.
Quelle offre ! Qui dit mieux ? Que demander de plus ? De quoi faire pâlir d’envie les responsables des salles de concert les plus prestigieuses ! De quoi tenir la dragée haute aux plus grandes capitales mondiales ! On croit rêver !