La décision d'allouer la fréquence radiophonique à haute puissance, c'est-à-dire à portée nationale, FM 107,7 au DNR (De neie Radio) aurait été prise lors du dernier conseil des ministres avant les élections, mais n'a été rendu publique que vendredi dernier, le temps de préparer un argumentaire détaillé. Le choix, contesté, de concéder la fréquence à la radio de l'empire de l'imprimerie Saint-Paul (ISP), éditeur e. a. du Luxemburger Wort et du Télécran, est loin d'être une surprise : il s'agit plutôt de la réalisation d'un accord secret conclu voici deux ans (cf. d'Lëtzebuerger Land n° 21/97). Lorsque, en 1997, RTL Radio Lëtzebuerg devait rendre la fréquence nationale FM 100,7 - qu'elle utilisait « à mi-temps » - à la radio socioculturelle 100komma7, le gouvernement lui avait promis une solution de rechange. Si RTL s'intéressait dans un premier temps à la fréquence FM 107,7, elle s'est finalement rabattue sur la fréquence FM 88,9 exploitée jusque-là par le Oldie-Sender. L'ISP contestait l'attribution d'une seconde fréquence nationale à RTL et dénonçait une situation injuste : la radio maison DNR, ne bénéficiant que de deux fréquences régionales, serait sérieusement désavantagée par rapport à RTL. L'ISP, qui à l'époque caressait l'idée d'une présence télévisée, attaquait le « monopoliste » RTL Radio et Télé Lëtzebuerg dans ses médias et accentuait parallèlement sa pression sur le gouvernement. Les trois parties parvenaient toutefois à trouver un terrain d'entente : DNR se verra attribuer la fréquence FM 107,7 au prix d'un pacte de non-agression entre l'ISP et la CLT-Ufa (propriétaire de RTL) et de la garantie du monopole national de RTL Télé Lëtzebuerg. Lorsque le gouvernement décida d'allouer la fréquence FM 107,7, au printemps 1998, il s'essaya à un premier tour de force pour éliminer dès le début les concurrents potentiels de DNR. Alors que l'appel de candidature fut publié un vendredi, les candidats n'avaient que jusqu'au mercredi suivant pour remettre leur dossier. Un délai si bref qu'il excluait d'office nombre de candidatures - surtout celles d'investisseurs étrangers - et faisait le jeu de DNR, seule radio à avoir un dossier de candidature fin prêt (cf. d'Lëtzebuerger Land n° 21/98). Finalement, le délai fut prolongé au 25 juin, ce qui n'arrangeait en rien les affaires des experts du gouvernement en charge de ce dossier. Ceux-ci avaient, e. a., retenu comme critère sélectif l'« enrichissement de l'offre radiophonique », critère difficilement réalisable par un programme radio déjà existant. De surcroît, la Commission indépendante de la radiodiffusion s'est longuement interrogée dans son avis consultatif sur l'opportunité de choisir la radio de l'archevêché en soulevant des questions de principe ; un autre candidat a laissé entrevoir la possibilité d'un recours administratif si la fréquence était allouée à une radio déjà existante. Le gouvernement a finalement pris une décision tardive. Car elle a dû être assortie d'un argumentaire devant contrer a priori un probable recours administratif. En retenant, par exemple, que l'« enrichissement » du paysage radiophonique ne se limite pas au volet programmatique, mais peut aussi comprendre des critères comme la qualité de réception respectivement la puissance d'émission. mg
marc gerges
Kategorien: Radio
Ausgabe: 11.02.1999