La chair fait vendre. Chez Mike Koedinger, le concours de beauté pour jeunes filles s'appelle Spidergirl et étale 25 filles lavant une Mini Cooper rouge en bikini et en poses lascives sur treize pages format de poche. Ce n'est pas la première édition du concours, mais c'est la première édition du magazine. Nico - City Insider est le city-guide hebdomadaire qui succède à l'édition mensuelle de nightlife.lu. Mercredi, Nico Magazines s.a., une joint-venture 50-50 entre les Éditions Revue s.a. et mké s.a a lancé le nouveau produit, qui finalement, ressemble fortement à nightlife.lu - même format, maquette similaire, à quelques détails de mise en page et de graphisme près, même style de photos...
Tiré à 20000 exemplaires, soit 10000 de moins que le mensuel après cinq ans d'existence, Nico paraîtra les mercredi à 16 heures, il boucle lundi et sera imprimé chez Victor Buck. Un tiers de l'édition sera distribué dans les cinémas du groupe Utopia, quelques centaines seront en vente aux kiosques du réseau Kraus au prix d'un euro (par exemple pour les voyageurs et visiteurs qui arrivent et veulent de suite avoir les bonnes adresses en poche, précise Mike Koedinger), mais la grande majorité des exemplaires seront distribués par des réseaux «informels», mis en place pour nightlife.lu: bars, restaurants, boîtes de nuit, événements... « Nous ne voulions plus être le magazine de la nuit, continue le directeur de la publication, mais élargir notre lectorat en élargissant nos thèmes. » Nico doit aussi être un magazine avec des adresses pour le jour, restaurants, shopping, culture etc. Chaque semaine, un autre domaine sera prépondérant.
Or, c'est la publication du programme de cinéma hebdomadaire qui constitue la plus grande innovation de Nico: quelques mots sur chaque film - de la plume de Jhemp Thilges, critique attitré de la Revue, du Quotidien et de Graffiti - plus, surtout, les horaires et les salles pour chaque film. C'est déjà une grande amélioration pour les cinéphiles. Graffiti, le mensuel édité par Revue, annonçant les sorties du mois à venir, disparaîtra à la fin de l'année sous sa forme actuelle. La nouvelle société Nico Magazines le reprendra dès janvier, il survivra, affirme Guy Ludig, le directeur des éditions Revue, même si la forme n'est pas encore définie.
Quel est donc l'intérêt de Revue de se lancer dans cette nouvelle société? Exploiter ce marché des «jeunes adultes» lança Guy Ludig sans ambages lors de la conférence de presse. Le pouvoir d'achat des 15-35 ans semble être celui qui allèche le plus les annonceurs - Planet RTL, Tango TV et la téléphonie mobile ne sont que les exemples les plus marquants de ce phénomène. Chaque semaine, le magazine fera 64 pages, ce qui est énorme. Mais selon les éditeurs, les premières réactions du marché furent tellement positives que des éditions plus volumineuses encore ne sont pas exclues.
Nico a un look résolument rétro, très vingtième siècle. Rien que le logo qui rappelle les débuts de l'infographie à la fin des années 1970 en est une expression, mais aussi la référence à l'inoubliable chanteuse Nico et le Velvet Underground («I'll be your mirror» est par exemple le titre de l'édito, une de ses chansons) sont autant de symboles d'une certaine nostalgie que l'on retrouve dans la mode et la musique. Le «nez» de mké pour les tendances et la branchitude démarquera peut-être le plus ce magazine de tous les autres agendas qu'il y a déjà eus au Luxembourg et qui furent tous plutôt ringards - de Tabou au City Magazine. Le seul agenda plutôt complet qui existe encore actuellement est celui de l'hebdomadaire woxx, qui en a fait un argument de vente majeur. Même si le ton et l'approche des deux produits sont foncièrement différents, il se pourrait qu'une concurrence hebdomadaire gratuite fasse vraiment de l'ombre au journal alternatif.