Même avant son lancement, dok, den oppene Kanal, avait déjà fait bouger les choses: après avoir décrié pendant des années la rediffusion de pièces de théâtre, RTL Tele Lëtzebuerg se ravisa soudain l'année dernière et, le jour de Noël, diffusait une pièce enregistrée (avec le CNA): Homekrimi, de Luc Feit. Si RTL pense devoir se positionner sur le même créneau que dok - ici: la culture - parce qu'elle en craint la concurrence, c'est toujours cela de gagné.
«Nous ne sommes pas une chaîne de télévision au sens classique du terme,» expliquait Maurice Molitor, un des initiateurs (avec sa femme Martine Colling et le réalisateur Philippe Baudet), vendredi dernier, lors de la conférence de presse de lancement de dok. «J'aime plutôt nous comparer à une imprimerie - comme elle, nous avons le matériel, l'équipement technique, le savoir-faire et pouvons diffuser le contenu qu'un producteur nous amène.»
dok a fait toutes les démarches nécessaires pour l'exploitation du canal et s'est vu attribuer la concession de diffusion en août 2003. La société met ce canal à disposition de tous ceux, personnes privées, associations, sociétés de production, qui veulent diffuser un contenu (pourvu qu'il respecte le cahier des charges), au tarif de base de 2,5 euros la minute (tarif dégressif selon le créneau horaire). Ceux qui ne disposent pas de moyens techniques adéquats peuvent en plus louer le car régie complètement équipé, avec un régisseur et jusqu'à six caméras, dont s'est doté dok. «La télévision démocratique» est un des slogans du dépliant publicitaire, et Philippe Baudet d'estimer que dok contribuera à faire évoluer la production audiovisuelle au Luxembourg.
En fait, le modèle de financement de dok ne fait rien de moins que d'inverser les rôles dans le jeu des médias audiovisuels. Car le schéma classique des premiers jours de la télévision publique a toujours été un financement par la redevance que payaient les téléspectateurs. Puis vinrent les chaînes privées, qui vendaient l'audience attirée par leurs programmes aux annonceurs. Mais dans les deux cas, le contenu - émissions de divertissement, information, fiction - était payé par les chaînes.
dok parie sur la rareté des fréquences - un fait dépassé depuis le câble et le satellite -, ou au moins sur le coût élevé de leur exploitation pour attirer des clients d'un genre nouveau. Or, ironie du sort: dok rêve de télévision citoyenne, mais ses premiers clients sont des commerciaux, elle rêve d'innovation, et ses premiers formats (diffusés depuis lundi dernier sur le canal S28 des réseaux Eltrona et imagin, pas encore par Coditel) sont des plus classiques, voyages, cuisine, santé, voitures, immobilier...
Et pourtant, il planait une sorte d'esprit pionnier dans ce studio improvisé à Strassen, dans lequel dok enregistrait le soir-même la première émission de la deuxième société de Maurice Molitor, Billerfabrik ou BiFa. Le dok-Show est un talk-show décontracté dont le format comble effectivement une lacune du paysage audiovisuel luxembourgeois. Une ambiance bon enfant où quelques passionnés lancent une nouvelle chaîne de télévision avec trois fois rien - exactement comme jadis RTL plus, dont les radio et télé luxembourgeois ne cessent de fêter le vingtième anniversaire.
Pas un mot par contre sur le lancement de dok dans les programmes luxembourgeois de RTL Group. On dit que les éléphants ont peur des souris...
Contact: téléphone : 2610 2610, e-mail: info@dok.lu, web: www.dok.lu