En pleine santé, l'économie luxembourgeoise, selon les dernières Perspectives économiques de l'OCDE. « La croissance du PIB réel s'est sans doute tassée aux alentours de cinq pour cent en 1999, et elle ne marquera probablement qu'une légère décélération en 2000 et 2001 pour s'établir à un taux encore appréciable de quatre pour cent. », estime l'organisation internationale. Une performance à comparer à une croissance moyenne dans l'Union européenne de 2,1 pour cent en 1999 et de 2,8 pour cent les deux années à venir.
La forte croissance de l'économie luxembourgeoise en 1999 est en fait une petite surprise. L'OCDE et d'autres organisations internationales avaient peint fin 1998 un scénario en couleurs sombres pour 1999, marqué de crises au Brésil, en Russie et dans le Sud-Est asiatique. Au printemps encore, le Statec avait ainsi estimé la croissance du produit intérieur brut (PIB) en 1999 à quelque 3,5 pour cent. Une prudence contredite par la réalité.
En dépit de la croissance soutenue, l'économie luxembourgeoise ne présente aucun signe de surchauffe ou d'inflation. L'explication première reste le réservoir de main-d'oeuvre dans la Grande Région. Les hausses de salaires sont ainsi restées modérées. La légère accélération de l'inflation depuis le début de l'année est surtout imputable à une hausse des prix de l'énergie.
La forte croissance n'a toutefois pas permis de réduire le nombre de demandeurs d'emploi, une situation appelée à perdurer : « Malgré d'importantes créations d'emplois, le chômage restera sans doute à peu près inchangé », estime l'OCDE. Un constat qui vaut aussi pour la période 2000 à 2001. Les experts recommandent cependant au gouvernement de prendre des mesures supplémentaires pour réduire le chômage de longue durée.
Une autre ombre qui pèse sur ces perspectives est l'éventuel ralentissement de l'activité économique en Europe, ce qui toucherait aussi le secteur manufacturier luxembourgeois. Les dernières années ont cependant démontré que surtout la place financière évolue largement de façon indépendante du climat économique dans les pays voisins.
Devant ce bilan à faire des jaloux, les experts de l'OCDE n'ont guère de grandes recommandations à adresser au gouvernement luxembourgeois. Le budget de l'État n'est pas seulement excédentaire, le nouveau gouvernement a en plus affirmé sa volonté de maintenir cette situation dans les années à venir.
Il ne reste donc qu'à l'Organisation pour la coopération et le développement économique de ressortir ses conseils habituels à l'égard du Grand-Duché : augmenter la flexibilité budgétaire par « un recours moins général à l'indexation ». Une formulation tellement timide, que ce dernier rapport de l'OCDE ne sera même pas une occasion pour le Premier ministre d'opposer sa conscience sociale aux supposés néolibéraux parisiens.