Alors que l’administration Trump gèle une partie des fonds fédéraux aux universités, centres de recherche et agences étatiques, des milliers de scientifiques se retrouvent jetés dans l’incertitude et la précarité. L’Europe se recommande comme havre de paix pour ces climatologues, virologues et chercheurs en sciences sociales censurés. L’ULB veut offrir un « asile scientifique » aux collègues américains « sans interférence politique ou idéologique ». Le campus universitaire Aix-Marseille vient de débloquer quinze millions d’euros pour un programme d’accueil intitulé « Safe place for science ». Le président de la Max-Planck-Gesellschaft entreprend actuellement une tournée des campus américains pour puiser dans ce « neuer Talentpool ».
Au Luxembourg par contre, les réactions restent tièdes. On préfère ne pas évoquer spécifiquement les collègues américains. L’Uni.lu s’en tient ainsi aux généralités : « The University welcomes talent from across the world », écrit-elle en réponse à la question du Land. L’Uni.lu profite de l’occasion pour un plaidoyer générique en faveur de la « liberté académique et de l’indépendance scientifique », rappellant que « humanity’s progress stands on the values governing science and education », sans pour autant évoquer directement Donald Trump ou les États-Unis. Dans l’édition du Wort de ce mercredi, le recteur de l’Université, Jens Kreisel, est plus concret : « In einigen Feldern bewerben sich Leute aus Amerika, die wir früher nicht bekommen hätten », et de citer les sciences climatiques et biomédicales. Il revendique une approche passive : « Bei mir gibt’s jetzt keine Bestreben, aktiv Leute aus anderen Universitäten anzuwerben ». Ce ne sera probablement pas nécessaire. La revue Nature, a sondé ses lecteurs-chercheurs américains : Les deux tiers des répondants envisageraient de quitter les États-Unis.
Dans une prise de position envoyée au Land, le ministère de la Recherche et de l’Enseignement supérieur rappelle que « l’attraction de talents venus de l’étranger constitue une priorité stratégique ». On aurait constaté « un intérêt croissant de la part de chercheurs localisés aux États-Unis pour une relocalisation vers l’Europe, y compris vers le Luxembourg ». Toutefois, on ne s’attendrait pas à « une arrivée ‘massive’ ». D’ailleurs, le ministère ne suivrait pas « une stratégie ciblée visant à soustraire des compétences en matière de recherche dans un pays donné ». Entre les lignes, on sent beaucoup de timidité envers l’ancien allié américain.