En France, on aime le débat. Parler pour ne rien dire est un sport national. Qui se pratique jusqu’à bout de souffle sur les radios et télévisions de l’Hexagone. Car, comme le soutenait le génial Raymond Devos : « Je n’ai rien à dire. Mais je veux que cela se sache » !
En ces temps difficiles où il ne reste qu’un unique sujet, les spécialistes et surtout les non-spécialistes se bousculent sur les chaînes pratiquant l’information en contenu. Pour dénoncer tout et son contraire. Comme sur le fond, à savoir que l’heure est grave, tous les trémolos y sont passés, les débats vivent d’une controverse épique : Faut-il suivre ou non les avis médicaux du Professeur Didier Raoult ?
Contre le virus, l’éminent infectiologue, qui dirige l’Institut Hospitalier Universitaire « Méditerranée-Infection » de Marseille, préconise l’administration d’un médicament, la chloroquine, qui aurait déjà fait ses preuves dans la lutte contre un coronavirus précédent. Il s’agit d’une molécule antipaludéenne assez ancienne, dont la médecine connaît les effets. Également les possibles effets secondaires.
Comme je n’ai aucune compétence scientifique ou médicale, je me garderai bien d’un jugement sur l’utilisation de la chloroquine dans la lutte contre le Covid-19. Des essais cliniques sont en cours, également à Luxembourg. Je préfère attendre les conclusions des scientifiques et des médecins luttant en première ligne contre le virus. Et je me méfie comme de la peste de tous ces experts autoproclamés, qui pullulent de façon virale sur internet et dans les médias. Qui soit adorent, soit maudissent le Marseillais.
Le Professeur Raoult, carrure imposante, barbe fleurie et cheveux longs comme les anciens druides, est un personnage dérangeant, souvent iconoclaste. Dont j’ai toujours aimé lire les thèses qu’il publiait naguère dans Le Point et qu’il avait réuni en 2017 dans un livre sous le titre : Mieux vaut Guérir que Prédire. Avec comme sous-titre le non moins tonitruant « L’avenir des êtres vivants est imprévisible. Agissons au présent » !
Que disait Raoult à l’époque ? « Arrêtons d’avoir peur ». « L’avenir des maladies est incertain et imprévisible ». « La prédiction est un art improbable ». « Il nous faut privilégier l’observation continue plutôt que de tenter de prévoir des désastres. »
Selon le spécialiste des virus, il est impossible de prévoir les mutations éventuelles des « plus de 450 000 bactéries isolées » par les scientifiques. Il serait nécessaire selon Raoult de repenser la formation médicale : « la gestion des risques – épidémies et autres – est nettement améliorable et l’hôpital, lui, est un malade qui doit se soigner » !
Didier Raoult tonne contre « le principe de précaution », qui freine la recherche. « Le problème est que nous sommes passés de la précaution à la suspicion. Gravé dans notre Constitution, le principe de précaution a institutionnalisé la peur. Avec de multiples dérives. » Dont « le totalitarisme doux » qui étouffe de contraintes tous « les entreprenants ».
Selon Raoult, l’homme fabrique tout au long de sa vie des cellules cancéreuses : « Nous avons ainsi, tous, des débuts de cancer, mais, la plupart du temps, notre système immunitaire fait le ménage et les détruit. » Pour cette raison il conseille de s’exposer au soleil, même au risque d’attraper un mélanome. « L’évolution de leur maladie est meilleure que chez ceux qui ne se sont pas exposé ou peu au soleil ». « En pratique, le soleil les a vaccinés. Ce qui remet en question la notion de ‘tout ou rien’ : le soleil favorise les mélanomes, mais aide à la guérison des patients qui y ont été très exposés. »
Dans beaucoup de domaines le Professeur marseillais sort des chemins battus. Il dénonce le tabac, mais défend le vapotage : « si la cigarette électronique peut contenir de la nicotine (non cancérogène), comme le tabac, elle ne comporte aucun des 60 produits cancérogènes identifiés dans le tabac. »
Il dénonce également les campagnes contre les OGM : « Les OGM sont aussi sains que les autres productions agricoles (…), aucun effet négatif des aliments OGM sur la santé ou sur l’agriculture n’a jamais été constaté. » Par contre la « transformation génétique des microbes » fournit depuis trente ans aux humains des médicaments aussi essentiels que l’insuline.
Raoult n’est pas un climato-sceptique, mais est contre le « côté religion » de beaucoup de climatologues. Toutes ces prises de position expliquent probablement pourquoi le défenseur de la chloroquine dérange, suscite toutes ces polémiques dont résonnent actuellement les médias français.
Pour Didier Raoult « notre civilisation est menacée de disparition non par une redoutable pandémie (…) mais par la peur. La peur née de la déconnexion entre le risque réel et le risque perçu. » « Ces peurs résultent d’intérêts convergents entre les scientifiques qui prennent des brevets sur ces virus imaginaires, les industriels du vaccin, et l’OMS, qui trouve dans l’alerte une raison d’être. »
Covid-19 est un virus bien réel. N’étant pas Donald Trump (et n’ayant aucune affinité avec lui), je me garde bien de toute conclusion. Sauf que j’ai relu Raoult avec grand intérêt.