Concert

Les potes

d'Lëtzebuerger Land vom 29.10.2021

On a retrouvé Girls in Hawaii, vendredi à la Kulturfabrik, un peu comme on retrouve des potes qu’on n’aurait plus vu depuis un moment. Dans le groupe des potes, il y a celui qui a toujours quelque chose à raconter, et qu’on aimerait parfois voir se taire ; et puis il y a celui, plus discret, qu’on n’entend pas forcément mais sur qui on se pose plein des questions : Pourquoi ne parle-t-il pas plus ? Cache-t-il quelque chose ? Qu’a-t-il fait durant tout ce temps…

Chez les Girls, vous vous en doutez, on est plutôt du côté des discrets ; les grands discours, c’est pas trop leur truc ! Alors quand ils montent sur scène, tout de noir vêtus, ils démarrent sans dire un mot. Ou plutôt si… mais c’est pour préciser que « c’est la première fois qu’on vient dans celle salle ». Ils ajoutent : « Les loges sont juste incroyables ! » Et d’embrayer avec une petite pique pour les voisins de Esch : « Jusqu’ici, on a surtout joué à la Rockhal… une salle qui n’a assurément pas le charme d’ici. » On appréciera du côté de Belval…

Et comme à chaque fois qu’on les voit, on se dit que, franchement, les Girls, ça joue quand même sacrément bien ! L’ambiance s’installe tout doucement dans la salle, bien aidée, il est vrai, par un groupe décidé à sortir la carte « Best of » ce soir. Le concert monte en puissance et les classiques défilent. Found in the ground, Indifference, Misses,… c’est aérien au possible et c’est tant mieux ! C’est drôle comme on pense parfois à dEUS et on en vient d’ailleurs à se demander pourquoi le groupe n’a pas connu le même succès grand public ? Trop propres sur eux, probablement, moins « chiens fous », assurément. Certains groupes ont la fâcheuse tendance de jouer en regardant leurs pieds ; les Girls in Hawaii, eux, jouent en regardant droit devant. On leur pardonnera… Et lorsque le groupe envoie un Flavor tout en muscles et qui finit quasiment par lorgner du côté du Heavy Metal, on s’incline. Après 1h30 de concert, les lumières se rallument et tout le monde semble souriant…

Girls in Hawaii a peut-être connu son heure de gloire en 2004 lorsqu’avec Ghinzu et Sharko, ils remplissaient une Ancienne Belgique qui s’en souvient encore, nul ne pourra prétendre que le groupe est, aujourd’hui, has been. Le set de ce soir, calibré au possible mais emplit d’émotions, aura en tout cas prouvé qu’il ne fallait pas les enterrer trop vite parce que, au final, et dans leur catégorie, ils sont toujours bien les meilleurs.

Le public, en tout cas, était ravi et les réactions à la sortie du concert allaient toutes dans le même sens. Non seulement, on a retrouvé un groupe qu’on aime voir et revoir mais, pour beaucoup, il s’agissait également du premier vrai retour dans une salle de concert ! Et ça, apparemment, ça n’avait pas de prix. La légende raconte que le groupe, toujours sous le charme des loges « so cosy » de la Kulturfabrik, n’aura quitté les fauteuils de cuir qu’aux alentours de 2h du matin… Si ça, ce n’est pas un coup de foudre…

Romuald Collard
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