C'était un samedi soir de fin de janvier chargé. Trois concerts le même soir dans le bassin minier, cela reste heureusement rare hasard. Ce jour-là, on a cependant dû faire un choix entre un concert de Claudine Muno, une soirée avant-garde électro/rock à la Kufa ou encore une soirée de lancement de Defdump. La majorité des gens avait une préférence pour ce dernier, boudant ainsi une soirée à la Kufa, organisée par Ekzema, pourtant riche en couleurs. Extraits du programme à l'ancien abattoir: Mamsell' Pipi Chocolat, DJ pour la soirée, a entretenu la galerie pendant les temps morts avec de la musique bien rock. Joseph Suchy [&] FX Randomiz, ont de leur côté, surpris avec une musique très moderne. FX Randomiz a établi des sonorités électroniques de base, alors que Joseph Suchy, qui serait, selon les critiques allemands, un des guitaristes les plus remarquables entre improvisation, électroacoustique et recherche musicale, a fourni une ligne de guitare certes improvisée, mais finalement peu cohérente avec la donne électronique. L'offre musicale de la soirée contenait aussi les surprenants Giant Metal. Trois musiciens, spécialistes en scratching et sampling, ont proposé de l'électro aussi efficace que simpliste. Mais Ekzema, asbl organisatrice de la soirée, a veillé à inclure une formation luxembourgeoise. Metro s'est ainsi produit pour la première fois sur une scène. Les musiciens, eux, sont cependant des têtes connues. Mike Tock (batterie), journaliste freelance à la Radio 100.7, assume le même rôle de percussionniste chez ZapZoo. Olivier Treinen, lui aussi journaliste, mais chez RTL Radio Lëtzebuerg, a, avec Lo-Fi et Lego, deux side projects déjà bien établis. David André (basse) et Christian Clement (guitare/synthétiseur) faisaient partie de Intox et ne sont pas des inconnus non plus. Pas des amateurs donc, mais de véritables accros de la musique post-rock. Et le public a pu s'en apercevoir à la Kufa. On sent qu'une complicité s'est développée entre ces musiciens. «Nous sommes quatre musiciens/songwriters». Les quatre artistes participent donc à créer et arranger ces mélodies mélancoliques. Ils se disent influencés par The Godmachine et on retrouve en effet cette ambiance un peu glauque mais néanmoins tellement captivante. Des cordes en mineur s'imposent donc et elles sont accompagnées de lignes de basses qui rappellent bien souvent celles de The Cure. Une deuxième voix, celle de Christian Clément, avait malheureusement un peu de mal à s'imposer lors du concert. De son côté, le chant d'Olivier Treinen est prenant. «I know I can find it here, if I overcome my fear». Extrait d'un texte introverti et sensible qui témoigne cependant de la sincérité et de l'authenticité du musicien. La présence sur scène de Christian Clement, bassiste et en charge des accompagnements sur synthétiseur, rappelle le courant «Shoegazing» anglais d'il y a presque vingt ans. Cette dénomination fait référence aux performances live de groupes comme Ride, qui, sur scène, ne savaient pas trop comment se comporter. Par timidité ou par gène, ils ne leur restaient plus qu'à fixer du regard leurs chaussures. Metro se retrouve deux fois par semaine dans une ferme reconvertie en locaux de répétition en pleine campagne de Syren pour peaufiner sa musique. «C'est une réelle chance que nous nous soyons trouvés,» pense Mike Tock. D'abord, il a fallu trouver l'âme soeur en terme de musique. Le batteur, ne se sentant pas tout à fait épanoui dans les autres formations dont il fait partie, parle avec beaucoup d'éloges des autres membres du groupe. L'épanouissement musical semble donc assuré. Mais il s'avère surtout être difficile de trouver un endroit où répéter. L'éternel problème des locaux de répétitions donc. Mais Metro n'a pas attendu l'initiative publique et les quatre musiciens sont ainsi passés par salles obscures de bars et autres caves pour se retrouver enfin dans cette ferme reconvertie. Pour près de 400 euros de loyer par mois, cette formation authentique a trouvé un lieu de création original pour créer une musique sincère.
Le prochain concert de Metro aura lieu lors du Out of the Crowd Fest II, le 2 avril à la Kulturfabrik ; line-up complet sur www.schalltot.lu. Pour plus d'informations sur Ekzema: www.ekzema.lu.