C’est une exposition magnifique et exigeante, dont le minimalisme sied parfaitement au nouvel espace de la galerie Nosbaum-Reding dans les murs de l’ancien hôpital Saint Joseph. Cimaises blanches, bonne hauteur sous plafond et boiseries évoquent toujours un lieu habité, où l’artiste allemand Hubert Kiecol présente son travail sur le thème de la grille.
C’est la deuxième fois (après 2007) que la galerie au Fëschmaart accueille une exposition solo de celui qui s’est fait une spécialité de la recherche d’expressions rigoristes, proches de la typologie architecturale : maisons, escaliers, échelles, que l’on verrait bien dans l’espace public. Sauf qu’ici, aucun portail n’est à pousser, rien ne suggère le franchissement du seuil entre extérieur et intérieur. Au milieu de la galerie sont exposées des pièces autour desquelles on tourne.
Simples structures faites de lames de bois, ces Paravents – un élément d’architecture intérieure oublié qui. comme ses sœurs la grille ou la porte, servait à délimiter un espace, intime celui-là – sont arrimés au sol grâce à des blocs de béton. De largeur différentes, elles n’ont néanmoins pas toutes la même hauteur et peuvent donc aussi suggérer les créneaux d’une muraille fortifiée. Mais c’est par la seule force de suggestion qu’Hubert Kiecol stimule l’imagination à sa manière minimaliste, jusqu’au travail de la matière : les blocs qui tiennent les planches sont en béton poncé, superposés et en léger décalage ou évoquent un escalier au pied de l’élément de bois tout à coup gigantesque. Sur les cimaises, autour, quelques peintures et gravures seulement sont accrochées. En noir ou beige clair – il s’agit en fait de la couleur naturelle du contreplaqué du fond du tableau travaillé au blanc de titane – on est invite à voir des portails (Tor, Zwei Tore weiss, Drei schwartze Tore), bien qu’il s’agisse de simples formes rectangulaires délimitées par des épaisseurs de traits plus ou moins larges.
Offenbar doch, dit le titre de l’exposition. Il s’agirait donc de grilles… Cet autre type de l’élément séparateur complète l’exposition, un simple élément grillagé (Tor I, Tor II, Tor III) qui est représenté à plat, puis doublé d’une deuxième couche de croisillons. Ces pièces (encre d’impression, bleu de Prusse sur carton, sous verre) ont été imaginées par Hubert Kiecol en 2004 et 2006, ce qui permet de voir la constance du travail de l’artiste sur le même motif.
L’exposition s’achève par un élément en métal composé de carrés à plat sur le mur, dont certains servent de base aux mêmes carrés disposés cette fois dans l’espace. Hubert Kiecol le rigoriste aurait-il voulu terminer sa démonstration par une note d’humour ? Car que fait cette grille en trois dimensions accrochée au mur ? On revient sur ses pas et on traverse l’espace que créent ses Paravents. La frontière, fonction première de la grille, est détournée au profit de l’art pur.