Ce jeudi le Wort titre en une « Trumps Gaza-Pläne verstoßen gegen das Völkerrecht ». Mardi en fin d’après-midi à Washington, en présence du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, le président américain a balancé l’idée de déplacer les « 1,6 million » de Gazaouis dans les pays voisins, de prendre possession de la bande de Gaza et de reconstruire ce territoire pulvérisé par Tsahal pour en faire une « Riviera ». Ni plus ni moins que la concrétisation du nettoyage ethnique auquel aspire l’extrême droite israélienne. Trump a d’ailleurs ajouté au cours de cette conférence de presse à la Maison Blanche qu’il se prononcera d’ici un mois sur une « possible annexion » de la Cisjordanie par Israël sous caution américaine. Là encore, il s’agirait de finaliser l’annexion de facto condamnée par la Cour internationale de justice et une nouvelle attaque frontale à liberté de ce peuple à disposer de lui-même.
Les propos de Trump n’ont pas fait réagir les chancelleries diplomatiques européennes. Incrédulité, manque de crédit accordé à la parole trumpienne ou indifférence ? L’UE et ses pays membres ont brillé par leur silence. Il a fallu attendre que les médias posent la question pour obtenir la réprobation européenne. Sollicité par le Land, le ministère des Affaires étrangères partage que « le Luxembourg s’oppose à tout déplacement forcé de la population palestinienne de Gaza, qui constituerait une violation grave du droit international, une entrave majeure à la solution à deux États, et, par-là, un obstacle essentiel à une paix durable dans la région ». Les services de Xavier Bettel (DP) craignent une « déstabilisation de toute la région, et notamment pour les pays voisins, l’Égypte et la Jordanie » et disent être en « étroite concertation » avec les pays de l’UE et de la région à ce sujet.
Faut-il attendre que le stars and stripes flotte au-dessus de Gaza et l’étoile de David au-dessus de Ramallah pour que le Luxembourg accorde à l’État palestinien la reconnaissance qu’il lui promet depuis plus de dix ans ? Ce jeudi, Xavier Bettel rappelle ses conditions dans une réponse à une question parlementaire du LSAP : que le Hamas libère tous les otages et qu’un cessez-le-feu s’installe durablement à Gaza, « afin d’éviter que la reconnaissance soit perçue comme une récompense pour les actes terroristes du Hamas ». Il conclut dans une formule obscène au regard de l’actualité : « Il est important de faire preuve de souplesse pour déterminer le moment de la reconnaissance, sans remettre en cause l’affirmation du principe de la reconnaissance future de l’État de Palestine ».
Trump a formulé ces annonces mardi après-midi devant un Benyamin Netanyahu manifestement satisfait. L’intéressé a voyagé aux États-Unis alors qu’il fait l’objet d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l’humanité. Sous Biden, l’administration américaine avait déjà critiqué l’initiative émanant de La Haye de poursuivre le dirigeant israélien. Sous Trump, elle menace de sanctionner l’instance judiciaire héritière du Tribunal de Nuremberg.Dans un courrier envoyé la semaine passée (et déjà devenu obsolète), le Luxembourg s’est allié à 17 pays européens pour demander au nouveau président américain de « réévaluer l’impact » des sanctions envisagées contre la CPI. « The imposition of sanctions will have serious consequences for the functioning and daily operations of the ICC, even threatening its very existence. Sanctions, as well as overcompliance by companies, can lead to the suspension of essential services by banks, insurance companies, IT providers, telecommunications, and other services », font valoir les ambassadeurs européens, y compris celui de l’Allemagne. La CPI enquête sur 17 dossiers de potentiels crimes contre l’humanité, comme ceux commis en Ukraine et en Palestine.