Musique live

Dark was the night, hot was the ground

d'Lëtzebuerger Land du 22.06.2018

En janvier 2017, Kid Colling présentait à l’Atelier son premier album In the devil’s court dans une salle quasiment remplie et acquise à sa cause, celle du blues. Kid Colling, c’est un peu ce jeune prodigue du modern blues rock autochtone qui a su tirer parti de l’époque. Des groupes de blues au grand-duché, il y en a à profusion. Pour la plupart, ce sont des musiciennes et des musiciens amateurs qui répètent puis enregistrent dans leurs caves et qui sont de sortie le temps d’une fête de la musique. Il faut d’ailleurs de tout pour un monde et entre certaines formations qui frisent la ringardise, ou qui tombent en plein dedans, les plus curieux seront étonnés de découvrir quelques groupes, professionnels ou non, de bonne facture. Parmi ceux-là, le Kid Colling Cartel. Fondé en 2012, il se compose actuellement du leader à la guitare et au chant, de Vincent Charrue aux claviers, de David Franco à la basse et enfin de Florian Pons à la batterie. Les quatre « frères d’armes » ont remis le couvert le 25 mai à la Kulturfabrik, à l’occasion d’une date pour fêter et exploiter la « fin de vie de l’album ». Retour sur le concert et rencontre avec le musicien.

Dans le préau de la Kulturfabrik, les visiteurs affluent. Rien de plus normal pour un vendredi soir, où la météo est plus qu’agréable. Dans la grande salle du centre culturel, la première partie est assurée par The Velvet. Priscila da Costa, Tom Lehnen, Yannick Stein et Alex Logel sont plutôt convaincants. Un solo à l’orgue Hammond provoque une agitation dans l’assistance, encore assez timide. Petit à petit, la salle se garnit. Les techniciens réorganisent la scène et le public se rapproche des rambardes au pied de l’estrade. La musique est lancée. Kid Colling fait son entrée, il est vêtu d’une sorte de poncho, qu’il ôte assez rapidement compte tenu de la chaleur de l’endroit. L’énergie de ses musiciens est communicative. Deux jeunes femmes, choristes le temps du spectacle, sont dans un coin de la scène. Elles chantent parfois en canon et effectuent en boucle le même petit pas de danse. Un côté show à l’américaine, mais en modeste, se dégage de l’ensemble. Le constat est sans appel, ils sont bons. Ils interprètent leur répertoire avec entrain et malgré l’aspect redondant de leur musique et du genre en général, à savoir une constance dans les accords utilisés, la structure des morceaux et le contenu des textes, le concert est plaisant. Quelques envolées groovy à souhait provoquent des cris dans l’assemblée. Après le spectacle, alors qu’il fait nuit noire à Esch-sur-Alzette, le sol de la salle est encore chaud et témoigne de l’ardeur d’un véritable public pour le blues au grand-duché, et non pas d’une simple niche.

Quelques jours plus tard, Kid Colling dresse le bilan du concert. Il est satisfait de la vitalité de l’audience et du travail effectué par les équipes techniques dans les coulisses. Le concert a d’ailleurs été filmé, la précision se devait d’être au rendez-vous. Il se remémore d’autres souvenirs sur scène. Sa pire expérience ? Une fête de la musique en tant que sideman au sein d’une formation totalement désorganisée. Finalement, beaucoup de chemin parcouru entre cet épisode et celui de l’Atelier. Son premier EP, Tomorrow’s far away, publié en 2014, était assez convenu, voire musicalement fade sur certains aspects. Mais l’artiste témoignait déjà d’une réelle détermination et d’une autodérision qui manque cruellement à la plupart de ses camarades. On le voyait dans le clip de I don’t care, interpréter un artiste de rue, moqué par des passantes. Un galérien tentant de vendre sa maquette. Ceci étant dit, à l’écoute de In the devil’s court, les auditrices et auditeurs se rendront compte de l’évolution musicale de la formation. Prochaines étapes ? Quelques rendez-vous prévus, notamment des dates à l’étranger, au Danemark, en Lettonie ainsi qu’une potentielle tournée en Allemagne en octobre. La recherche d’un label est aussi au programme, les deux premiers projets étaient auto-produits. Quant au blues, peu diffusé en radio à part à l’occasion d’émission spécialisées, les amateurs du genre seront servis le 14 juillet avec le festival Blues Express entre Lasauvage et Fond-de-Gras, mais aussi le temps d’une nuit à Luxembourg, le 21 juillet, pour le Blues’n Jazz Rallye, où le Kid Colling Cartel sera de la partie. Kévin Kroczek

Plus d’informations : kidcolling.com

Kévin Kroczek
© 2023 d’Lëtzebuerger Land