L’on parle d’un incubateur pour les start-up du secteur automobile à Bissen depuis 2017, une époque où l’on achetait des SUV diesel sans mauvaise conscience ou presque. L’incubateur en question a « enfin » (s’exclame la presse en chœur) été inauguré cette semaine, dans un marché bien différent, avec 2035 en ligne de mire et l’interdiction de commercialiser des voitures thermiques (neuves).
Le nouveau centre névralgique du Luxembourg automobile écrit ainsi son histoire à partir d’une page blanche ou presque. Presque, puisqu’un grand nom de l’industrie automobile a déjà mis un pied sur le campus de quatorze hectares dédié à la « mobilité intelligente ». IEE, manufacturier luxembourgeois de capteurs pour l’automobile, y a installé 300 de ses 635 salariés du Luxembourg (sur plus de 4 000 répartis sur neuf pays) en 2019. En septembre, s’est achevée sur place la construction d’un parking conçu de manière éco-circulaire.
L’inauguration de l’Automobility Incubator marque un nouveau jalon. Les trois premiers locataires s’installeront au premier semestre 2025. Figure parmi eux pony.ai. Le groupe chinois produisant des logiciels pour taxis autonomes, coté au Nasdaq, a son hub européen au Luxembourg. Fin octobre, cette société valant cinq milliards de dollars a signé un partenariat avec Émile Weber pour développer la mobilité autonome au Grand-Duché… avec pour horizon des robotaxis grenats sur les routes luxembourgeoises.
Deux autres entreprises moins connues s’installeront sur les 2 km2 de bureaux et 400 m2 d’ateliers/laboratoires mis à disposition par l’État: Right Energy, une entreprise active dans l’électromobilité, et Voltcore, exploitant des matériaux intelligents (et les nanotechnologies). L’exploitant de l’incubateur, le Technoport (déjà actif à Belval et à Foetz) entretient des contacts avec d’autres potentiels locataires pour la volumineuse bâtisse (laquelle dispose aussi d’une cantine). Sa construction a couté 21 millions d’euros, explique le ministère. C’est à peine deux de plus que les crédits engagés initialement, « une différence principalement due à cause de l’augmentation du coût des matières premières à la suite de la guerre en Ukraine », informe le ministère.
Il n’avait qu’à se baisser pour ramasser les fruits. Mardi, lors de l’inauguration suivie d’une mini-foire en l’honneur de l’écosystème automobile national, le ministre de l’Économie nommé voilà un an, Lex Delles (DP), a confirmé l’engagement du gouvernement dans le « développement des technologies automobiles et de la mobilité intelligente », reprenant à son compte l’initiative de ses prédécesseurs socialistes. Le fabricant de pneus Goodyear a aussi profité de l’occasion pour annoncer son déploiement à Bissen fin 2026 dans un bâtiment propre qui accueillera 350 de ses collaborateurs présents au Grand-Duché (sur 70 000 dans le monde), où il exploite l’un de ses deux centres de recherche.