Active au Luxembourg depuis 2013, Luxmobility conseille des clients qui souhaitent réduire leurs émissions de carbone ou améliorer leur comportement en matière de transport. En conseillant des communes ou des entreprises luxembourgeoises sur leurs stratégies et leurs plans de mobilité, elle propose une attitude qui combine respect de l’environnement et innovation et se définit comme « verte ». Que signifie cette affirmation ? En-dehors de l’objectif de l’entreprise – contribuer à lutter contre le changement climatique – se distingue-t-elle par un mode de fonctionnement spécifique ?
Patrick van Egmond, directeur de Luxmobility et expert en mobilité durable et innovation, explique : « Toutes nos activités s’inscrivent dans notre objectif général, mais au-delà de ce but, nous avons en effet intégré certains principes. » Il y a quelques mois, l’entreprise a obtenu le statut de société d’impact sociétal (SIS) – avec le critère de la protection d’environnement – qui suppose certaines obligations liées à la composition du capital social, au plafonnement des salaires ou à l’endettement. « Nous pratiquions déjà le principe du réinvestissement de la majorité des bénéfices dans le développement de l’activité de l’entreprise », dit Patrick van Egmond.
L’entreprise a-t-elle déjà refusé une occasion de faire de l’argent en honneur de ses principes verts ? « C’est difficile en tant que sàrl, dont le but doit aussi de faire des bénéfices, même si on les réinvestit et qu’on ne paie pas de dividendes aux actionnaires », admet le directeur. « Si c’est une évaluation au cas par cas, on ne peut pas se permettre d’être trop rigides. » Un exemple : si certains experts prennent le train pour assister à des réunions éloignées de plus de mille kilomètres, ce n’est pas dans les pratiques de l’entreprise, pour des raisons de temps et de faisabilité.
Qu’en est-il de la « décroissance » ? « Je suis sceptique quant au concept. Une croissance qualitative, oui ; la décroissance, j’ai du mal. Qui écoutera l’Europe si nous ne faisons plus preuve de capacité d’innovation ? » L’innovation reste un mot-clé pour l’entreprise qui a démontré son engagement vis-à-vis du « verdissement » des moyens de transport y compris les plus nouveaux, comme ceux liés à l’hydrogène vert. Elle promeut aussi des instruments combinant réduction des émissions et intelligence artificielle. Il en va ainsi de la proposition faite à la commune de Mertert d’utiliser des bacs autonomes pour traverser la Moselle.
Luxmobility tient à lutter contre le greenwashing ou les discours populistes. « Nous ne vendons pas de contes de fées, mais des solutions réalistes qui tiennent compte des enjeux réellement complexes que ce soit au niveau social, environnemental ou économique. Il faut pouvoir affirmer que sans un minimum de volonté politique, sur l’accès des voitures privées en ville ou le nombre de parkings, les résultats ne peuvent pas être impressionnants. »
Patrick van Egmond s’oriente vers le principe du « net-positive » popularisé par Paul Polmann, ex-CEO de Unilever. L’idée est de donner plus à la société qu’on ne prend. « C’est finalement une question d’équilibre général. Cette attitude exige qu’on fasse régulièrement le bilan, pour évaluer où il est possible de s’améliorer. » Ne jamais s’endormir, toujours se réaligner en fonction des connaissances les plus récentes sur la durabilité est certainement une des obligations de l’entreprise. « Nous travaillons par exemple beaucoup avec le concept de ‘pauvreté liée à la mobilité’, en fonction des dernières conclusions des études menées autour du comportement des citoyens. » Notamment ceux qui pour des raisons financières habitent loin de leur lieu de travail et sont obligés d’avoir recours à des moyens de transport plus polluants (et plus coûteux). Mais ce n’est pas une fatalité : « Une fois que ces mécanismes sont compris, il est possible de les interrompre, par exemple en proposant aux pouvoirs publics d’intervenir pour permettre la mise à disposition, dans les banlieues, de moyens comme des bicyclettes électriques », que les entreprises privées chargées de ces réseaux ne placent souvent que dans les centres-villes.
Luxmobility postule également à des appels d’offres provenant des pouvoirs publics (Commission européenne, LuxDev…) afin de proposer des solutions innovantes aux populations migrantes, ou impliquant des acteurs de la mobilité dans des pays en développement (Nigeria ou Afrique du Sud où ils ont participé à un inventaire des feux rouges). Au Sénégal, l’entreprise a contribué à un projet pour améliorer la sécurité routière en élaborant un instrument pour enregistrer les accidents de la route. « Nous sommes aussi dans la course dans un appel d’offres pour des solutions qui réduisent les émissions de grandes entreprises dans des pays en développement. » Patrick van Egmond souhaite justement se focaliser davantage sur la coopération avec des partenaires dans les pays émergents, même s’il s’agit souvent de projets petits ou ponctuels. Il est fier du projet avec des villes turques qui leur ont demandé conseil pour leurs stratégies de mobilité, ou du partenariat avec les autorités maltaises pour leur plan urbain.
L’entreprise offre aussi des formations aux entreprises et institutions qui souhaitent apprendre davantage sur les enjeux de la mobilité durable et les mesures possibles, sur la neutralité carbone et l’innovation dans le contexte luxembourgeois (« Les fresques de la mobilité »). Elle participe à des projets internationaux pour étudier de nouvelles solutions, comme des drones, pour améliorer l’utilisation de l’espace aérien (moins de pollution, de bruit, de risques). Pour ces projets, l’équipe à Luxembourg s’appuie sur un vaste réseau d’experts établi dans plusieurs pays européens.