Ce mardi soir, la grande salle de la Philharmonie était peuplée de 800 Messieurs (et de l’une ou l’autre Madame) en gris. Les notables locaux de la place financière étaient venus fêter le 75e anniversaire de l’Association des banques et banquiers Luxemburg (ABBL) et, surtout, se célébrer eux-mêmes. Les banquiers, réviseurs et avocats d’affaires se mélangeaient aux députés, diplomates, ministres et au Grand-duc : un Te Deum libéral. « Today is not the day for a requiem », lançait Xavier Bettel (DP) à la salle dans un anglais dont l’accentuation vacillait entre de l’Oxford English zélé et du franglais hâtif. Il tentait de motiver les banquiers (« We are top level », « Our reputation in China is excellent. ») et esquissait la voie ouverte par « l’ère nouvelle de la transparence » et qui devait mener dans la cour des grands vers ces « familles » ultra-riches « qui sont à la recherche de solutions sophistiquées ».
Sur un écran géant planant au-dessus de la scène étaient projetés trois spots produits par l’ABBL. Entrecoupés par des photos montrant les travaux de démolition du boulevard Royal et des secrétaires en jupes souriant derrière des machines à écrire, une trentaine d’acteurs de la place financière et politiciens s’enchaînaient pour filer un grand récit narratif, l’un finissant la phrase du précédent. À deux exceptions près, tous étaient Luxembourgeois (et, à une exception près, tous des hommes) ; comme si la place financière était une histoire de l’entre soi.
Le message de ces films de promotion était sans ambiguïté : l’État social, l’université, la Philharmonie, n’oubliez pas ce que vous nous devez ! Puis c’était au tour du président de l’ABBL Ernst Wilhelm Contzen d’avoir sa demi-heure de gloire. Il était introduit par la modératrice et starlette Thorunn Egilsdottir : « His friends call him Bill, and we’re among friends here… Right ? » Silence dans la salle. Contzen, tête massive, un peu d’embonpoint, monta sur la scène. Ce sera un de ses derniers discours comme président de l’ABBL. Dans un mois, il sera remplacé par Yves Maas, directeur de la filiale luxembourgeoise du Crédit Suisse. « Bill » Contzen profita de l’occasion et conclut son speech avec beaucoup de pathos. Levant le poing gauche, il s’exclama avec un accent rhénan empâté : « United we stand, divided we fall ! » Applaudissements polis. Le cœur n’y était pas. Après trente ans d’euphorie, les banquiers semblaient quelque peu déboussolés.
Et pourtant, pendant longtemps, tout avait été si facile. Pas besoin d’aller chercher les clients en Chine, au Qatar ou en Russie. Il suffisait que le ministre des Finances allemand introduise une retenue à la source sur les intérêts de l’épargne et les clients affluaient tout seuls. Le gouvernement luxembourgeois interdisait même aux établissements bancaires luxembourgeois de faire de la publicité avec le secret bancaire en Allemagne, par souci de décence.
Herbert Scheidt, ancien haut responsable de la Deutsche Bank, se souvenait il y a peu dans Die Zeit « de ces halls d’entrée gigantesques des banques européennes à Luxembourg » : « Il y avait tellement de chaises que j’ai demandé une fois : ,C’est un cinéma ici ?’ Non, me répondit-on, demain c’est le jour des coupons. » Et, en effet, le lendemain, les chaises accueillaient des dentistes, ingénieurs, bouchers et commerçants venus encaisser les intérêts de leurs obligations et les dividendes de leurs actions. Ekkehard Storck, le premier directeur du siège luxembourgeois de la Deutsche Bank avoue son désarroi initial face au tourisme fiscal : « C’était un peu désagréable, je le dis ouvertement. Nous n’en avions pas l’habitude (…) Notre bureau était sans arrêt encombré par des personnes venant d’Allemagne, dont beaucoup voulaient encaisser leur coupon sans frais. »
La citation se trouve dans un livre paru cette semaine, dans lequel le journaliste Laurent Moyse a rassemblé les témoignages de 23 banquiers1. Malgré la discrétion légendaire de ceux-ci, le lecteur qui cherche y trouvera quelques pépites. Carlo Thill se remémore ainsi le private banking du temps de la BGL : « Les clients belges venaient encaisser leurs coupons car, à Luxembourg, il n’y avait pas de retenue à la source. Quand les coupons venaient à échéance, nous avions des files d’attente jusqu’à quatre ou cinq heures. Nous avons dû introduire des tickets comme chez le boucher. » Dans un des spots projetés mardi à la Philharmonie, l’avocat d’affaires Paul Mousel décrivait de manière concise le modèle d’affaires qui trois décennies durant drainait l’argent au Luxembourg : « Aux Suisses les gros, à nous les petits. Le tout était construit sur une défiscalisation, qui, aujourd’hui, ne pourra être maintenue. » « Aujourd’hui on nous en apporte l’addition », dit Michel Maquil, ancien directeur de la Bourse du Luxembourg au Land.
Voici que les lobbyistes des banques se laissent aller à d’étranges confidences. Non, disent-ils, ils n’ont jamais été naïfs : « Nous étions toujours conscients qu’au sein d’un marché européen ouvert nous profitions des conditions inégales. Et nous savions aussi que ces inégalités ne dureraient pas éternellement. Mais dans la mesure où le Luxembourg en profitait, nous ne voulions pas être ceux qui allaient le remettre en question… D’ailleurs ce n’était pas notre rôle. » dit le directeur de l’ABBL, Jean-Jacques Rommes. Habillé en chemise à carreaux, ce fonctionnaire patronal cultive une jovialité et un franc-parler de secrétaire syndical.
À côté des tournures rhétoriques de Jean-Jacques Rommes, son successeur, Serge de Cillia, malgré un goût de la mode prononcé, fait encore un peu pâle figure. Il met en avant la « sociologie financière » des années 1980 : « Les citoyens belges, allemands, espagnols et italiens voyaient que leurs gouvernements jetaient l’argent par la fenêtre et se posaient la question : ,Pouvons-nous encore faire confiance à nos gouvernements ?’ » « Et n’oublie pas les années Mitterrand ! », l’interrompt Rommes. « Justement, j’allais y venir, reprend de Cillia. Trop d’impôt tue l’impôt. Le 10 mai 1981 a montré les tensions entre l’État et les citoyens. »
Le 23 avril 1981, à deux semaines et demie de la première alternance de la Ve République, le gouvernement luxembourgeois avait introduit le secret bancaire. Il plaça discrètement les banquiers sous l’article 458 du code pénal (dit « Hebammen-Paragraph ») aux côtés des médecins, sages-femmes, curés, avocats et autres destinataires des intimités d’autrui liés par le secret professionnel. Et l’argent sale, de provenance criminelle ? « Les banquiers de l’époque se percevaient comme de simples canaux de transmission des flux financiers, rétorque Rommes. D’où l’argent venait et vers où il allait, le banquier n’avait pas à s’en préoccuper. Tout comme la Poste n’avait pas à se préoccuper si la mafia envoyait une lettre ou utilisait les réseaux téléphoniques. » La situation ne changea qu’au fil des années 1990. Ce n’était pas une prise de conscience de l’opinion publique ou des politiciens luxembourgeois, mais la pression de l’OCDE et de ses programmes anti-blanchiment qui provoqua le changement.
L’ABBL, fondée en 1939, avait longtemps fonctionné comme un cartel se bornant à fixer les tarifs des opérations bancaires, réunies dans un petit livret bleu qui faisait partie du mobilier de toutes les banques grand-ducales. Pour le reste, c’était une association discrète, apparaissant peu dans les médias. Or face à la hausse des pressions internationales, l’ABBL engagea en 1990 un communicant, le journaliste (et ancien du Land) Lucien Thiel venu seconder le très discret secrétaire général de l’ABBL Georges Glesener. Celui-ci était issu du vieux monde de la banque, celui où on négociait quelques titres de l’Arbed et de la Cegedel le matin pour aller prendre l’apéro dès onze heures, en pensant au déjeuner.
Thiel sortit l’ABBL de l’ombre et lui donna une visibilité et un visage. Il insista pour répondre personnellement à tous les journalistes qui appelaient la centrale de l’ABBL. La voie était tracée, et Rommes, qui succéda à Thiel en 2004, la suivit. Même s’il avoue à Laurent Moyse être toujours « resté un peu allergique à cette visibilité. Mais celle-ci est devenue inévitable lorsqu’on détient un tel poste. D’autant plus que les journalistes sont devenus plus agressifs, notamment au niveau international. »
En Suisse, depuis l’initiative populaire « contre l’abus du secret bancaire et de la puissance des banques » lancée en 1984 par les sociaux-démocrates et des organisations tiers-mondistes, l’Association suisse des banquiers fait annuellement mesurer l’appui dont bénéficie le secret bancaire parmi la population (72 pour cent des Suisses et Suissesses y étaient favorables en 2013). Au Luxembourg par contre, tant que l’argent continuait de couler, la place financière ne fut jamais mise en cause par la population. C’est le plus grand non-sujet du débat politique luxembourgeois de l’après-guerre et l’ABBL eut peu de difficultés à imposer son point de vue dans la presse locale.
Or, lorsqu’en 2012, le président de l’ABBL Wilhelm Contzen se permit une sortie sur l’index, les retraites et le système de santé, la réaction prit immédiatement un ton virulent et xénophobe : Ces « Vollblutbanker der Jenseitsvondermoselart (…) treiben den aufrechten Luxemburger in die Resistenz », écrivit Alvin Sold dans le Tageblatt. Depuis, l’organisation patronale ABBL est devenue plus réservée et préfère laisser les épineux sujets sociaux à l’Union des entreprises luxembourgeoises, dont le prochain directeur sera... Jean-Jacques Rommes. L’ABBL se recentre sur une forme de lobbying plus discrète.
Dans un des spots projetés mardi soir à la Philharmonie, Étienne Schneider décrivait l’ABBL comme « une sorte de premier conseiller de gouvernement ». Au Luxembourg, les responsables politiques entretiennent des rapports décomplexés avec le lobby des banques. Avec sa quarantaine de techniciens financiers et ses 80 groupes de travail, l’ABBL dispose de ressources impressionnantes pour le contexte luxembourgeois. Une machinerie qui intervient en deçà et avant la phase parlementaire : L’ABBL participe aux comités internes de la CSSF pour y discuter des avant-projets de loi et des circulaires, elle est invitée aux réunions du ministère des Finances et est le ghostwriter pour tous les avis de la Chambre de commerce touchant à la place financière. La place financière est à la fois objet et sujet de la législation. Dans son livre, Laurent Moyse note pudiquement que l’étude d’avocats « Elvinger, Hoss & Prussen, dont la création remonte à 1964 (…), contribua notoirement à l’élaboration de la législation bancaire. »
Honni soit qui mal y pense : « L’idée qu’on doive établir des limites très étroites indique une certaine Realitätsfremdheit », dit Rommes, qui compare l’ABBL à un club de pêcheurs ou une association syndicale. « Il n’y a pas de conspiration. Derrière des portes fermées, nous disons la même chose qu’en public. Il n’y a pas plus transparent que l’ABBL. » Les banques luxembourgeoises bénéficient d’un accès privilégié aux sphères politiques. Les banquiers étrangers interrogés par Moyse disent souvent leur stupeur face à cette proximité. Quelques jours après leur arrivée, les dirigeants de filiales se retrouvaient en face du Premier ministre.
Or, au début, ce contact était moins évident. Le Belge Philippe Duvieusart qui a travaillé à la KBL se rappelle qu’à son arrivée au Grand-Duché, au début des années 1970, la finance était mal aimée, « considérée un peu comme le casino, la loterie. Par contre, l’acier était perçu comme quelque chose de solide, de stable, qui produit des choses concrètes. » À peine dix ans plus tard, à l’aube de l’âge d’or du private banking, alors qu’une banque nouvelle ouvrait quasiment tous les mois, des cocktails furent organisés à l’Hôtel Royal ou au Golf-club grand-ducal pour permettre à l’establishment politique et économique de rencontrer les banquiers fraîchement débarqués.
Aujourd’hui, l’ABBL exerce son activité de lobbying en amont, à Bruxelles. Elle compte parmi les tout premiers lobbies bancaires à y avoir établi ses quartiers. En recrutant Antoine Kremer, ancien attaché parlementaire de l’eurodéputée Astrid Lulling (CSV), l’ABBL s’assura les services d’un « insider du parlement européen, qui en connaît très bien le fonctionnement, les procédures et les députés. Cela a donné à l’ABBL une longueur d’avance », estime Isabelle Goubin, responsable du service financier du minisère des Finances, jointe entre deux réunions à Bruxelles. Depuis, le bureau géré conjointement avec l’Association luxembourgeoise des fonds d’investissement (Alfi), a recruté une autre lobbyiste et un stagiaire.
À la Commission européenne, le démarchage est assez malaisé : les fonctionnaires, qui y traitent un dossier spécifique ne sont pas légion. C’est donc un peu gênant de passer tous les quinze jours dire bonjour. Fin 2013, dans un courrier interne, le commissaire européen des Services financiers Michel Barnier avait même interdit à ses collaborateurs de rencontrer des représentants de banquiers, « compte tenu de la sensibilité des dossiers en cours ». (« C’est plutôt un coup médiatique qu’autre chose, dit Camille Thommes, le directeur général de l’Alfi. Nous voyons Barnier et ses collaborateurs une à deux fois par an. »)
Ce sont les couloirs du parlement européen qui sont devenus le territoire favori des lobbyistes. D’abord pour le nombre de députés et d’attachés parlementaires, ensuite parce que les lobbyistes peuvent y naviguer entre les lignes de fractures nationales et idéologiques. Le Luxembourg avec deux représentants (Astrid Lulling et Robert Goebbels) siégeant dans la commission des affaires économiques et monétaires y tenait une position de choix pour défendre les intérêts de la place financière. Une situation qui ne se reproduira pas de sitôt, estime Isabelle Goubin. « Nous pouvons nous estimer heureux si nous réussissons à y faire rentrer ne serait-ce qu’un député luxembourgeois. » Une fois la directive sur le bureau du ministère des Finances, il s’agit de trouver les subterfuges, les niches. « Souvent les directives prévoient des options, qui constituent une marge de manœuvre limitée, mais réelle », estime Thommes.
Luc Frieden (CSV), devenu ministre en 1998, dit avoir maintenu, à côté du contact avec l’ABBL, un contact informel avec les chefs des filiales, voire des maisons mères des banques, « parce que c’est souvent là que les décisions se prennent » : « Dans les quinze ans où j’étais ministre en charge de la place financière, j’ai mené énormément de conversations avec des directeurs bancaires, quasi quotidiennement. C’est cette méthode qui explique notre succès. » Quant à la Chambre des députés, les contacts formels dans le cadre de la commission des Finances et du Budget sont presque inexistants. « Mais les rapporteurs de budget ont tous cherché le contact avec nous, dit Camille Thommes. À l’exception de Lucien Lux, qui ne voulait pas nous recevoir », précise-t-il.
Luc Frieden dit avoir apprécié que l’ABBL, rassemblant « une place financière très diversifiée et des intérêts très différents en fonction de l’origine géographique », ait réussi à créer et à maintenir un consensus entre ses quelque 150 membres. « Or, les forces centrifuges sont pour les associations professionnelles ce que la gravité est aux êtres humains : une loi naturelle avec laquelle il faut vivre », dit Jean-Jacques Rommes. Alors qu’entre 2000 et 2008 les bilans des banques battaient tous les records, le réveil fut brutal et annonçait une longue saison maussade.
À la fin septembre 2008, durant quelques semaines, la survie de l’ABBL semblait en jeu. Les maisons-mères des deux banques qui, depuis sa création constituaient les fondements de l’ABBL, la Bil et la BGL, se trouvaient au bord du gouffre. L’ABBL était devenue plus stable que ses piliers historiques. L’ancien directeur de la Bourse de Luxembourg Michel Maquil se souvient de réunions à l’ABBL où tous avaient les yeux rivés sur les portables, pour suivre, incrédules et impuissants, l’évolution des actifs de la Fortis et de la Dexia. « À ce moment-là personne n’arrivait à réaliser ce qui se passait, ni à l’accepter ».
La crise financière et ses suites allaient mettre à l’épreuve la capacité de résistance de l’ABBL. « S’il n’y avait pas eu la crise, les États ne se seraient pas endettés et il n’y aurait eu ni urgence fiscale, ni pression sur le secret bancaire », estime un banquier, esquissant une histoire parallèle. La question de l’échange automatique d’informations fit apparaître les clivages qui parcouraient le petit monde de la finance luxembourgeois. Alors que les banques dépositaires actives dans les fonds et les grands groupes agissant globalement craignaient pour leur réputation, les petites banques luttaient pour sauver leur fonds de commerce ne serait-ce que pour quelques mois de plus. « Nous ne sommes pas la Private banking association en charge du secret bancaire, s’exclame Rommes. Nous sommes une structure horizontale et la moitié de nos membres vit de l’industrie des fonds. On ne peut réduire la question à une opposition entre ABBL et l’Alfi, ce serait vraiment trop caricatural. »
Sur base de projections, le Statec a calculé que la fin du secret bancaire pourrait coûter jusqu’à 1 000 emplois rien que dans le secteur financier. Par rapport à d’autres estimations, qui, elles, n’ont pas été publiées, ceci ne serait pas « le scénario le plus pessimiste », dit Rommes. La place financière évoque depuis une demi-douzaine d’années un rééquilibrage dans le private banking : les départs de petits déposants amortis par l’arrivée de quelques nantis, vainqueurs de l’accroissement des inégalités dans la distribution des richesses. C’est un marché convoité. Ainsi la nation des Ultra-high-net-worth-individuals, ayant un patrimoine d’au moins cinquante millions d’euros, compte un peu moins de 100 000 personnes. Pour l’instant, le pour cent le plus riche, c’est-à-dire les clients possédant plus de vingt millions d’actifs, représentent un peu plus de quarante pour cent de l’ensemble des actifs des banques privées au Luxembourg.
Pour le Luxembourg, au niveau de l’emploi, un problème arithmétique se pose, car si une banque gagne un très gros client valant mille petits, qui sont sur le départ, il faudra quand même moins de personnel pour le gérer, et ce personnel devra être plus à l’affût des sophistications financières.
Or, les conseillers hautement spécialisés dans la gestion de fortune hésitent à venir s’installer au Luxembourg. Sur 140 banques luxembourgeoises on ne trouverait, d’après la European Banking Authority, que quinze banquiers gagnant plus d’un million d’euros par an (l’Angleterre en compterait 2 714). « De nombreux banquiers vivent leur mutation au Luxembourg comme une punition, dit de Cillia. Du moins au début, car après une année, ils ne veulent souvent plus partir. Mais ils vous diront aussi que chaque année qu’ils passent ici leur fait gagner un à deux kilos en poids. »