À la longue

d'Lëtzebuerger Land du 25.10.2024

« Ce n’est pas le bon moment » pour ouvrir une ambassade à Tel Aviv, a déclaré Luc Frieden (CSV) mercredi matin en Commission des Affaires étrangères. Le Premier ministre a ainsi réagi à l’option envisagée par son chef de la diplomatie Xavier Bettel (DP). Le libéral voulait y associer l’ouverture d’un bureau de coopération à Ramallah en Cisjordanie. Luc Frieden est revenu sur le conseil européen de la semaine passée. Il a souligné la variété des positions en Europe au sujet des sanctions contre Israël, envisagées par l’Irlande, l’Espagne et la Belgique. Pas question du côté de l’Allemagne pour qui Israël resterait une « Staatsraison ».

Sur le conflit, le chef du gouvernement a condamné la disproportion de l’intervention militaire israélienne, acté du non-respect du droit international par le gouvernement israélien, regretté les doubles standards (à sanctionner la Russie mais pas Israël), rejeté la reconnaissance de la Palestine tant que le Hamas détiendra des otages et sans s’associer à des pays voisins. À la sortie du Krautmaart face au Land, la députée Déi Gréng, Sam Tanson, a salué la disponibilité du Premier ministre, la condamnation claire de la riposte israélienne à l’attaque du Hamas, mais a regretté l’absence de réponse politique… alors que Xavier Bettel se rend sur place la semaine prochaine et qu’une action sur la reconnaissance de la Palestine est promise d’ici la fin de l’année.

À Bruxelles jeudi soir après le conseil, Luc Frieden a vu la solution à deux États comme une « bonne voie, à la longue », un « processus » auquel doivent être associées « un certain nombre de conditions ». En début de conférence de presse, il a reconnu : « Un grand pays peut se défendre avec les armes. Un petit pays doit compter sur le droit international (…) Il n’est pas acceptable qu’un grand pays modifie les frontières par la violence. » Malheureusement pour les Gazaouis, il parlait de la guerre d’Ukraine. À Gaza, « les gens (…) ne sont pas tous coupables pour ce qui s’est passé », a-t-il dit au sujet des presque 43 000 victimes, majoritairement des femmes et des enfants.

Pierre Sorlut
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