Gratuit, disaient Acces4You et internet.lu lors du lancement en automne de leurs services d'accès à Internet. Le prix de la connexion était en effet identique à celui d'un appel local. À première vue, un seuil semblait atteint. La Société européenne de communication (SEC), maison-mère de Tango et Tele2, vient de prouver le contraire.
D'antan, au début de l'ère Web, il y a donc cinq ans, l'accès à Internet était encore lié à des taxes de mise en service, des abonnements mensuels et une tarification à la minute auxquels il fallait ajouter le coût de la connexion téléphonique. Peu à peu, avec la concurrence, les conditions se sont allégées. Ce mouvement est arrivé à sa fin provisoire avec les ISP (Internet service providers) dits gratuits. Grâce à la libéralisation du marché des télécommunications, le 1er juin 1998 il devenait en effet possible d'offrir un service complet, coût des connexions téléphoniques inclu.
Le prix à payer aux P[&]T par un opérateur alternatif disposant d'un préfixe est aujourd'hui par minute de 0,599 francs le jour et 0,299 francs la nuit. Des services comme Access4You vivaient donc de la marge qui leur restait des 1,25 franc par minute - le tarif des P[&]T pour un appel local - facturés au client, après avoir rémunéré les P[&]T pour la communication locale et Global One, leur fournisseur de backbone, pour la connexion à Internet.
Les prix offerts maintenant par Tele2 - un franc par minute le jour, la moitié la nuit - sont rendus possible d'un côté parce que la société est elle-même un opérateur de télécommunication et, surtout, de l'autre côté parce que la filiale de SEC a coupé dans ses marges. L'objectif est en premier lieu d'offrir un service de télécommunication complet à ses clients - du mobile, en passant par les appels internationaux à Internet. Plutôt que la marge bénéficiaire, c'est pour le moment le gain de nouveaux clients qui prime chez SEC. Pour l'occasion Tele2 s'allie à un autre produit de SEC, la version luxembourgeoise du portail Internet everyday.com. Ce dernier est supposé offrir à partir de septembre aussi des service de commerce électronique et se pose donc en concurrent direct de luxsite.lu, le projet dans lequel les P[&]T sont partenaires.
Comment réagiront les autres ISP luxembourgeois ? Force est de constater que les prix ont certes beaucoup baissé depuis quelque temps sur le marché d'Internet mais que ce n'est pas nécessairement l'offre la meilleure marché qui s'en sort le mieux. Les P[&]T, sans doute l'ISP le plus cher, sont ainsi leader du marché.
L'opérateur national est suivi de Visual Online - en phase d'être repris à 51 pour cent par... les P[&]T - qui est davantage connu pour la qualité de son service que pour casser les prix. À terme, les ISP plus petits devront cependant se convertir de fournisseurs d'accès en fournisseurs de services complets relatifs à Internet. Claude Schuller de vo.lu en est conscient et sur la bonne voie : « Nos livres de commande pour les services de création de pages Web sont déjà remplis au moins jusqu'en septembre. »